Moi aussi je taille...des croupières!

J’entendais, au loin, au bout de la haie, des gémissements.
En m’approchant, les plaintes devinrent plus précises, elles sortaient d’un vieil arbre.Le pauvre pleurait ses rameaux coupés.
- Tous les ans ils viennent me couper ce que j’ai mis un an à faire, de belles branches, de beaux reposoirs pour les petites pattes volantes, des feuilles qui respirent la santé et font l’air bien propre autour, ce joli écran qui cache pudiquement les amours ‘volatils’.
Tu vois ils n’ont pas de cœur, je fais plus beau tous les ans, j’améliore ma ramure, mais pfitt…Ils me laissent une seule chose, une branche.
Elle est toute tordue de misère, suppliant le ciel que ce mal cesse, c’est mon « tortillard » comme ils disent, c’est une tradition de laisser ce bout de bois sur un têtard…Hé oui je suis un têtard, tout boursouflé par les cicatrices de chaque année.
Tu te rends compte, moi un chêne, un noble chez les arbres…Voilà ce qu’ils m’ont fait ces sauvages…
Dès que j’essaie de faire quelque chose de bien, vlan je coupe…
Il me semble, flogo, que tu m’as parlé de gens comme ça, comment tu les appelles…?
Ha oui , c’est ça : les « journaleux » C’est ça hein ?