Ha! ce besoin absurde...

Flogo, il faut que tu viennes m’aider, depuis quelques jours j’entends des gémissements de douleurs au fond du champ d’à côté.
Regarde là bas, tu vois ce mur couvert de lierre, hé bien il y a quelques années ce n’était qu’un tout petit muret de pierres, posées les unes sur les autres par le vieux qui habite dans la ferme.
Il les avait amené une par une sur son épaule. Juste après la fin de la construction de la clôture de son petit lopin, il est mort.
Son fils a pris la suite et tout changé… en moderne. Il a refait le vieux mur en parpaings, et comme l’aspect ne lui convenait pas, il a planté du lierre tout le long.
C’est joli un mur couvert de lierre, avec les lézards qui s’y cachent, les escargots aussi et plein de petits insectes. Pour moi c’est un garde-manger.
Mais le lierre, une fois qu’il eut envahi le mur, il s’est mit un besoin de grandeur et de puissance dans la tête. Il a rampé jusqu’au grand chêne que mes ancêtres ont connu. Il est si vieux qu’on croit que c’est la terre qui a poussé à ses pieds. L’envahisseur s’est enroulé autour de son tronc et puis l’a recouvert et monte toujours, regarde il atteint les branches hautes. C’est lui qui crie sa douleur. Le lierre l’enserre et l’étouffe, lui coupe la circulation de son sang.
Tu sais, Flogo, si tu ne fais rien il va mourir.
- Que veux-tu que je fasse, le risson ? Si je le coupe au pied, j’interviens dans les règles de la nature, dans la lute pour la vie.
- Flogo, si tu ne fais rien tu acceptes le principe qu’un parasite puisse t’envahir ? Regarde autour de toi ceux qui veulent détruire les autres pour prendre leur place… Tu acceptes cela ? tu acceptes ce besoin de domination, d’hégémonie.
Le pire c’est cette ingratitude innommable qui fait que l’un utilise l’autre pour en tirer la grandeur en l’étouffant.
- Risson tu as raison je le coupe cet envahisseur sans scrupule et raison.
Et crouic, retourne sur ton mur et pousse à l’ombre….et garde le manger de mon risson !